Avec Libres ! manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, la journaliste Ovidie et l’illustratrice Diglee démontent quelques-uns des préjugés qui se mettent entre nous et notre épanouissement amoureux.
Imberbe, ton minou sera; des fringues correctes tu porteras; ton gars pour le garder tu suceras…
Tels sont quelques-uns des “diktats sexuels” contre lesquels s’élève le dernier livre d’Ovidie, illustré par Diglee, Libres ! manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels. Chaque chapitre aborde un thème lié au rapport que nous avons à notre corps, à notre sexualité, nos relations amoureuses – et donc à ce que nous émettons en société.
Comme toujours chez Ovidie, le propos est pertinent, clair, et envisagé avec personnalité. La journaliste et réalisatrice (vous avez bien sûr vu A quoi rêvent les jeunes filles, 2014) dénonce nos travers de comportements, ceux dont nous n’avons pas forcément conscience parce qu’ils sont autant de réactions à des injonctions relayées par la société. On voudrait ainsi nous faire croire que si on n’a pas eu son histoire entre filles “à 40 ans, on a raté sa vie” (on pourra toujours se rabattre sur la Rolex, moins sexy mais durable). il faudrait aussi renoncer au couple vu le nombre d’adultères et de séparations, et miser sur des amours pluriels…
Sauf que toutes ces idées débattues dans la presse, sur les sites spécialisées ou non, ne sont pas nécessairement les nôtres. Et l’on peut se sentir mises au ban, ringardes voire coupables, parce qu’on ne voit pas le problème d’avoir des poils sur les jambes ou qu’on n’a pas envie de tendre les fesses à un paddle pour jouer à 50 nuances de pan-pan-cucul.
En fond, c’est un discours patriarcal et phallocentré toujours présent dans nos comportements (ceux des hommes et ceux des femmes), que dénonce Ovidie. La journaliste s’en prend également aux vecteurs de tout ce bruit qui se met entre nous et notre rapport à notre désir, à notre intime: conseils et jugements de copines, parole de la mère, etc.
Mais ce sont d’abord les magazines féminins les grands coupables, ceux qui déjà “dictent quels vêtements acheter, combien de kilos perdre”. Ceux qui, à grands coups de rubriques sexo, expliquent qu’il est “tendance” de pratiquer le triolisme. Ou nous posent des questions dignes des années 40 du type “Jouir ou pas le premier soir?” (Eh, bonhomme, le plaisir entre deux corps n’est pas dicté par tes conventions, OK?, ndlr.)
A lire le “manifeste” d’Ovidie, si le mouvement enclenché dans les années 60 trouve ces temps-ci une deuxième vie, c’est tant mieux, car il y a encore beaucoup de boulot pour que nous puissions jouir sans entraves…